Comment traiter une épicondylite

Pour le dernier article de blog de cette série, nous abordons quelques méthodes de traitement pour une épicondylite, à savoir les ondes de choc, l’électrothérapie et la thérapie par l’exercice. Ces choix se fondent sur la littérature scientifique et sur des expériences positives de thérapeutes et de patients. Les techniques indiquées dans cette situation et leur combinaison dépendent de chaque patient et de l’étendue de sa douleur.

La thérapie par ondes de choc pour une épicondylite latérale

La thérapie par ondes de choc extracorporelles (ESWT – Extracorporeal Shock Wave Therapy) est une méthode de traitement non invasive qui consiste à activer les processus de guérison propres au corps au moyen d’ondes sonores brèves et intenses. Cette méthode se concentre sur le soulagement de la douleur et la stimulation de la guérison. Au cours des 25 à 30 dernières années, l’ESWT a été largement utilisée pour un éventail d’affections du système locomoteur et une méta-analyse  récente a mis en évidence des preuves en faveur de l’effet positif que peut avoir l’ESWT dans le traitement de l’épicondylite latérale. L’ESWT est généralement perçue comme une méthode sûre, facile à appliquer et supportable. 

Manuela, patiente : « Contrairement à ce à quoi je m’attendais, le traitement par ondes de choc radiales effectué par mon kinésithérapeute n’est pas si terrible. Je reconnais que le traitement est un peu désagréable, mais je peux ensuite reprendre immédiatement mes activités normales.

 

Mon épicondylite me gêne encore un peu, mais il me semble que cela s’améliore de semaine en semaine. Par exemple, j’arrive à serrer plus fort avant de ressentir douleur et inconfort. »

Il a été démontré que la thérapie par ondes de choc stimule la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, ce qui augmente la circulation sanguine et la régénération des tissus tout en diminuant la douleur. La stimulation des fibres nerveuses soulage la douleur localement et la perturbation artificielle du tissu tendineux favorise la guérison.  La thérapie par ondes de choc est une bonne solution alternative aux techniques plus invasives pour les patients qui ne répondent pas aux méthodes de traitement classiques dans les 3 mois. Malheureusement, tous les thérapeutes ne connaissent pas nécessairement les possibilités qu’offre l’ESWT.

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Killian, kinésithérapeute : « C’est dommage que les formations de kinésithérapie investissent si peu dans une formation sérieuse sur l’utilisation des ondes de choc radiales dans le traitement de l’épicondylite latérale. Heureusement, les recommandations de la littérature quant à l’utilisation des ondes de choc focalisées ou radiales pour cette pathologie viennent m’appuyer dans mes pratiques cliniques. Selon mes estimations, après un traitement par ondes de choc, mes patients peuvent reprendre leurs loisirs et leur travail en moyenne 2 à 3 semaines plus tôt. »

L’effet des ultrasons et de l’électrothérapie sur une épicondylite

Les techniques d’électrothérapie ont pour but de réduire la douleur et d’induire une réaction au niveau cellulaire. Il est possible de choisir entre cinq formes d’énergie, à savoir l’énergie électrique, sonore, lumineuse, magnétique ou thermique. En outre, il existe également plusieurs modalités de traitement dans ce domaine, notamment la photobiomodulation (LLT – Low-Level Laser Therapy), les ultrasons thérapeutiques, le courant interférentiel et la neurostimulation électrique transcutanée (TENS – Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation). Nous nous arrêterons brièvement sur les ultrasons et l’interférentiel ci-dessous.

Les ultrasons sont des sons dont la fréquence est trop élevée pour l’oreille humaine. Les ondes sonores peuvent pénétrer en profondeur dans les tissus. Leurs effets comp0rennent l’augmentation de la température des tissus et l’induction de changements physiologiques non thermiques tels qu’une perméabilité cellulaire accrue et une stimulation de la croissance cellulaire. Après l’utilisation d’ultrasons sur le tendon extenseur dans le cadre d’une épicondylite, la plupart des patients ressentent une réduction immédiate de la sensibilité. C’est aussi ce qu’a remarqué Patrick, un patient :

« Après chaque séance de kinésithérapie, je me sens soulagé. L’utilisation des ultrasons atténue tout à fait ma douleur, mais de manière différente que l’application de glace. Cela me permet aussi de réaliser plus facilement les exercices de renforcement excentrique que je dois faire. »

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Avec sa forme d’onde à moyenne fréquence, le courant interférentiel est encore différent. Étant donné qu’il est possible d’appliquer plusieurs paramètres, l’interférentiel offre différentes options de traitement. Les effets de l’interférentiel sont analgésiques, mais peuvent aussi être anti-inflammatoires. De plus, il a une action inhibitrice sur le système nerveux sympathique, il provoque une vasodilatation locale et stimule les muscles.  

Cela ne fait que quelques années que l’interférentiel est davantage inclus dans les recherches sur le traitement de l’épicondylite. Ainsi, il est ressorti d’une étude récente que l’association du courant interférentiel et de la thérapie par l’exercice dans le contexte de l’épicondylite entraîne une réduction de la douleur et une amélioration de la force de préhension. Il convient toutefois de noter à cet égard que, dans la même étude, la thérapie par ondes de choc combinée à la thérapie par l’exercice a montré de meilleurs résultats.  

Evi, thérapeute, utilise l’électrothérapie pour traiter l’épicondylite, mais cette option de traitement n’était pas une évidence une fois son diplôme en poche :

« L’utilisation des ultrasons et du courant interférentiel n’a pratiquement pas été abordée pendant ma formation en kinésithérapie. Pourtant, d’après ma propre expérience et celle de mes patients, ces deux techniques apportent une valeur ajoutée précieuse au traitement de l’épicondylite latérale. »

L’augmentation de la charge pour traiter l’épicondylite

La thérapie par l’exercice joue un rôle incontournable dans le traitement de l’épicondylite latérale. En effet, elle améliore non seulement la circulation sanguine, ce qui réduit la douleur et accélère la guérison, mais elle augmente aussi la capacité de charge des structures concernées, améliorant ainsi leur fonction. 

Imke, thérapeute : « La thérapie par l’exercice fait toujours partie de mes traitements, surtout pour une épicondylite latérale. 

Je mets l’accent sur les exercices de renforcement excentrique, non seulement en raison de leur efficacité prouvée par la littérature, mais aussi au vu des résultats positifs que j’ai moi-même obtenus grâce à eux. »

Une étude systématique  de 2014 a confirmé que l’ajout d’exercices excentriques au traitement permet d’obtenir les meilleurs résultats : en effet, les douze études incluses dans celle-ci tirent pratiquement la même conclusion. Un programme thérapeutique multimodal comprenant notamment des exercices excentriques offre de meilleurs résultats en termes de réduction de la douleur, de récupération de fonction et de force de préhension chez les patients souffrant d’une épicondylite par rapport à un traitement sans exercices excentriques. 

Elise, patiente : « Après huit traitements pour mon épicondylite, j’arrivais à beaucoup mieux fonctionner. Ma thérapeute a utilisé différentes méthodes et elles ont toutes semblé participer à ma guérison. J’ai particulièrement apprécié les exercices des dernières sessions. J’ai l’impression que, grâce à eux, les muscles autour de mon coude se sont renforcés : à la fin, je pouvais effectuer beaucoup plus longtemps des mouvements qui étaient problématiques au début. »

L’association des techniques de traitement pour obtenir les meilleurs résultats

Cette série d’articles de blog a abordé les méthodes de traitement suivantes : la réduction de la charge, la TECAR-thérapie, l’aiguillage à sec, l’électrolyse percutanée, le concept de Mulligan, la thérapie par ondes de choc, l’électrothérapie et la thérapie par l’exercice. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. Ce n’est pas parce que la thérapie manuelle au sens strict, d’autres types d’électrothérapie, les étirements, la pose de tape et d’autres techniques ont été laissés de côté que cela signifie que ces techniques sont par définition moins efficaces. Au contraire : pour obtenir les meilleurs résultats, l’idéal est de combiner différentes modalités de traitement. 

Guido, thérapeute : « Les traitements que je propose pour l’épicondylite peuvent tous être différents. Je vais traiter un patient par thérapie manuelle, des ultrasons et des frictions et un autre avec des ondes de choc, de l’aiguillage à sec et des étirements. Mon choix dépend du profil des symptômes du patient, de son expérience et de ses préférences, mais aussi des miennes. »

Guido n’est pas le seul à avoir remarqué le succès de l’association des traitements : les études tirent les mêmes conclusions. C’est notamment le cas d’une étude systématique de 2013 qui a mis en évidence des preuves de l’efficacité de l’association des étirements, du renforcement musculaire, des ultrasons et des frictions, ainsi que de l’association de manipulations des rachis cervical et thoracique, d’exercices concentriques et excentriques et d’une mobilisation du poignet et du coude.  Cependant, les nombreuses combinaisons possibles font qu’il est presque impossible de réaliser une étude complète, d’où l’importance du rôle que continuent à jouer les expériences des patients et des thérapeutes dans le choix du traitement. 

Plus d’informations sur la thérapie par ondes de choc et/ou l’électrothérapie

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^[1] Yao G, Chen J, Duan Y, Chen X. Efficacy of Extracorporeal Shock Wave Therapy for Lateral Epicondylitis: A Systematic Review and Meta-Analysis. Biomed Res Int. 2020 Mar 18;2020:2064781. doi: 10.1155/2020/2064781. PMID: 32309425; PMCID: PMC7106907.

^[2] Comparison of the effectiveness of radial extracorporeal shock wave therapy and supervised exercises with neuromuscular inhibition technique in lateral epicondylitis: A randomized-controlled trial. Mustafa Çorum, Ceyhun Başoğlu, Hadi Yavuz, Cihan Aksoy Turk J Phys Med Rehab 2021;67(4):439-448. doi: 10.5606/tftrd.2021.5871

^[3] Koca I, Boyaci A, Tutoglu A, Ucar M, Kocaturk O. Assessment of the effectiveness of interferential current therapy and TENS in the management of carpal tunnel syndrome: a randomized controlled study. Rheumatol Int. 2014 Dec;34(12):1639-45. doi: 10.1007/s00296-014-3005-3. Epub 2014 Apr 12. PMID: 24728028.

^[4] Tarek Ammar. Extracorporeal Shock Wave Versus Interferential Current in Tennis Elbow. Biomed J Sci & Tech Res 34(3)-2021. BJSTR. MS.ID.005561

^[5] Cullinane FL, Boocock MG, Trevelyan FC. Is eccentric exercise an effective treatment for lateral epicondylitis? A systematic review. Clin Rehabil. 2014 Jan;28(1):3-19. doi: 10.1177/0269215513491974. Epub 2013 Jul 23. PMID: 23881334.

^[6] Hoogvliet P, Randsdorp MS, Dingemanse R, Koes BW, Huisstede BM. Does effectiveness of exercise therapy and mobilisation techniques offer guidance for the treatment of lateral and medial epicondylitis? A systematic review. Br J Sports Med. 2013 Nov;47(17):1112-9. doi: 10.1136/bjsports-2012-091990. Epub 2013 May 24. PMID: 23709519.